Une Saison en Refuge, de Laurence Fleury

"Une Saison en Refuge" de Laurence Fleury, éditions Gypaète - Relié : 166 pages - Format : 12 x 15,6 cm - Langue : Français - Prix : 9,90€

“Refuge cherche aide-gardien pour la saison. Merci d’envoyer vos références et une lettre de motivation à l’adresse suivante”. Je trouvais l’annonce séduisante. Et bien que sans aucune expérience dans le domaine, l’idée de passer plusieurs mois en altitude, loin de la ville, m’enthousiasmait. En quelques lignes frappées à la hâte sur le clavier, j’expliquais ma passion pour la montagne et mon inexpérience totale dans la fonction. Mais j’étais très motivée et j’avais envie d’apprendre...."



Un mot sur l'auteur :

Laurence Fleury, journaliste indépendante installée à Pau, passionnée de montagne rédactrice et photographe depuis vingt ans. Elle écrit pour la presse spécialisée montagne, tourisme et territoire, ainsi que pour la presse quotidienne régionale. Elle s'est tournée depuis peu vers la vidéo et collabore comme réalisatrice pour des médias audiovisuels.

Laurence Fleury se retrouve "aide gardien" du jour au lendemain. Rien d’idyllique, ni de romantique et un livre à l’arrivée : "Une saison en refuge", écrit là-haut. "Ce livre est un regard très personnel sur le métier de gardien de refuge. Il reflète le quotidien de bon nombre de gardiens. Un quotidien aux antipodes de l’image idyllique que l’on peut s’en faire, tant que l’on n’est pas passé derrière le comptoir. Relations difficiles avec les collègues, pire encore avec les clients, pour qui tout est dû dès lors qu’ils paient. Ménage, corvée de "chiotes", portages... Ma vision romantique du métier a bien vite perdu de sa superbe. Un gardien de refuge n’a rien d’un ermite retiré dans la solitude des cimes. Mieux vaut, pour endosser la fonction, ne pas avoir les deux pieds dans le même sabot et savoir faire mille choses à la fois : Etre infirmière, psychologue, montagnard, connaître les lieux pour indiquer le chemin à suivre, et surtout magicien pour commander le soleil quand les clients le réclament. Est-ce parce qu’ils paient que les clients ont tous les droits ? Comment surmonter la proximité sur ce vaisseau d’altitude ? Pourquoi suis-je arrivée à me sentir seule au monde alors que le refuge était plein comme un oeuf ? Mon récit, incisif, drôle, affligeant parfois, raconte la réalité du travail en refuge. Une drôle d’expérience, à laquelle je ne m’attendais pas. C’est pour tenir le coup que j’ai écrit ces pages lorsque j’étais là-haut." Laurence Fleury (source alternatives-paloises)

Mon avis

Lorsque j'ai entendu parler du livre de laurence Fleury "Une saison en refuge je n'avais qu'une vision très simpliste du métier de gardien de refuge. Le petit livre en main j'en commence la lecture. A priori cela ressemble à un boulot classique dans l'hôtellerie ou la restauration avec toutefois un bémol : rien ne doit être laissé au hasard à plus de 2000 mètres d'altitude et même plus. Laurence Fleury endosse le costume d'un aide-gardien durant deux longs mois. Mais très rapidement la jeune femme déchante. En immersion complète Laurence découvre la face cachée de ce métier ingrat. Peu de reconnaissance de la part des randonneurs, un isolement et un rythme de travail souvent difficiles à supporter et qui exacerbent la moindre émotion, la moindre contrariété. Les journées se répètent et se ressemblent: réveil aux aurores, corvée de ménage, décapage des toilettes qui n'en ont plus que le nom tellement elles sont répugnantes, ramassage des poubelles jetées n'importe où, service des repas... Finalement cette vie ressemble à celle d'une esclave sans épanouissement personnel! Mais Laurence Fleury à partir de son expérience, parvient à sensibiliser le lecteur sur les difficultés de tenir un refuge et de répondre à toutes les demandes. Les gardiens ne travaillent pas dans les mêmes conditions que dans un 3 étoiles et le visiteur qui pourtant prétend se rapprocher de la nature, de la montagne ne consent pas à renoncer à son petit confort et se comporte comme un enfant capricieux, sans manières. A recommander à tous les randonneurs du dimanche et aux guides ou montagnards aguerris qui se surestiment bien souvent. Pour que les déchets ne soient plus abandonnés sauvagement par fainéantise, "après tout le gardien est là pour ça!" Sauf que dans les refuges il n'y a pas de service d'étage, à chacun de se prendre en charge. Les randonneurs se transforment vite en homme des cavernes ne respectant pas les sanitaires, ni les dortoirs. Et du coup on comprend mieux les sautes d'humeurs des gardiens qui en ont assez de n'être que des larbins à qui l'on ne dit même pas merci. Mais si ces gardiens n'étaient pas là comment les gens feraient-ils pour mener à terme leurs courses dans la montagne? Où se restaureraient-ils, ou dormiraient-ils?
Ce livre a le mérite d'aborder ce sujet de façon directe, sans langue de bois, sans fioritures mais avec humour. Le rythme est enlevé et le tout se laisse lire agréablement d'une traite. A lire sans attendre.

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