mardi 26 juin 2012

L'Ivresse de Surface, Christophe Morisset





Présentation de l'oeuvre

Où se situe la frontière entre le fait divers et l'évènement exceptionnel ? Serons-nous un jour ou l'autre victimes de "l'Improbable" qui bouleversera notre vie ? Un livre maudit, un psychopathe démoniaque, un enfant perdu dans une maison ou un frère jumeau bien particulier... Autant de situations propices aux débordements en tous genres. Au travers de ces neuf nouvelles, le lecteur ressentira cette notion palpable que tout peut déraper à chaque instant. Nous sommes en perpétuel sursis, et un détail peut tout faire basculer dans une autre dimension, nouvelle et effrayante... des aventures de l'enfance où chaque nouveauté côtoie l'imaginaire et le fantastique, aux actes de l'âge adulte, vous trouverez dans ces récits le passage permettant de traverser la rivière de la raison... Et les berges de l'autre côté ne sont pas toujours accueillantes. Peut-être vivrez-vous une aventure hors du commun au travers de ces récits. peut-être profiterez-vous de vos derniers instants de tranquillité...








Recueil de 9 nouvelles

1 NATHAN
Histoire narrant les peurs d’enfants dans une vieille maison ; rêve ou réalité ?
2 LE TICKET DE METRO
Une scène banale de la vie parisienne bascule dans l’irrationnel.
3 DECOUPAGE
Un flic et un psychopathe dans la campagne.
4 SYNOPSIS
Un livre et un libraire maléfique.
5 HASARD
On ne gagne pas à tous les coups.
6 LE PERE NOËL
Un jour de fête d’enfant qui tourne au drame d’adulte.
7 LE TEMPS D’UNE MESSE
Deux jumeaux unis à la vie à la mort.
8 TRAIN DE NUIT
Une blague de potache qui tourne mal.
9 JEUX DE GARCONS
Histoire d’enfant dans une cave terrifiante.


Mon avis


Les lecteurs potentiels d’un livre sont très sensibles au titre, à la couverture et au résumé d’un livre.

« L’ivresse de surface », quel titre énigmatique.
Ivresse: ivre, alcool, euphorie, perte de contrôle voilà à quoi me fait spontanément penser ce mot.
Surface : superficiel, inachevé… Du coup j’ai bien envie de creuser là-dessous moi pour en savoir un peu plus.

Le titre a atteint son but et a aiguisé ma curiosité.
La couverture : je dois reconnaître que les éditions Strapontins réalisent de superbes couvertures avec des illustrations qui collent parfaitement au thème.
Enfin, le résumé : très ambitieux l’auteur espère nous faire « vivre une aventure hors du commun au travers de ces récits».

Jusque là, j’adhère. Je plonge donc dans ces neuf historiettes qui je m’en rends compte ne me lâchent pas. Nous sommes dimanche après-midi, je n’ai rien de prévu, il fait un temps magnifique et pourtant je n’ai pas envie de bouger. Un vrai moment de farniente et chez moi qui dit farniente dit lecture. Le livre de Christophe Morisset tombe à point nommé. Je décide de lire une ou deux nouvelles et de passer à autre chose. Mais bon on ne fait pas toujours ce que l’on veut et je me retrouve aux prises de récits plus étonnants les uns que les autres. Sans m’en rendre compte je suis aspirée par ces 9 récits et ne peux m’en détacher. « Allez encore un et j’arrête » Mais bien sûr ! Franchement un bon plan lecture pour les vacances ou pour les longs trajets en train ou en avion. Ou tout simplement à lire avant de vous endormir, si vous n’êtes pas trop peureux bien sûr…

Le thème général de l’ouvrage de Christophe Morisset est celui de la peur. Cette peur irraisonnée qui peut être conditionnée par notre passé, notre enfance, notre vécu, par le contexte social, familial…
L’auteur nous propose neuf récits qui se calquent sur le modèle des nouvelles :
recours à la brièveté, événement unique et peu de personnages. Tous les éléments du texte doivent concourir à la réalisation d’un effet unique et aboutir à une fin.

Le plus grand novelliste à mon sens était Edgar Allan Poe qui excellait dans cet art (même s'il y en a beaucoup d'autres bien sûr). De nombreux auteurs s’y sont risqués et cassés les dents.
Christophe Morisset se frotte à ce genre et respecte les critères de la nouvelle: brièveté, rapidité du récit et effet final indéniable.

Les premières pages de l’histoire Nathan un petit gamin de 11 ans en vacances chez ses grands-parents m’ont surprise. Je me suis dit « ouais elle est mignonne l’histoire du gamin, mais moi j’ai passé l’âge, je préfère les histoires qui bougent un peu plus ». Mais comme je me suis dit que si elle était dans cet ouvrage, c'est qu'il y avait bien une raison, un lien. J'ai donc poursuivi ma lecture et des souvenirs d’enfance enfouis depuis longtemps ont peu à peu ressurgi malgré moi.
L’histoire qui parait si anodine est bien plus fouillée que l’on pourrait le croire. L’auteur décrit avec précision les peurs d’enfant. Ce qui nous paraît, à nous adultes, si superficiel, exagéré est très intense pour un petit. Les adultes sous la pression de la société doivent se montrer responsables, forts, ou du moins sont présumés comme tels. Pour répondre à ces critères, ils occultent leurs propres peurs, (peur de l’inconnu, du noir, de l’échec…).
Les peurs de Nathan et de Tommy (« Jeux de garçons ») ont, à un moment ou à un autre, été les nôtres. C’est un passage obligé pour grandir. Faire face à ses peurs pour avancer.
Bizarrement, les enfants font ce que nous adultes avons souvent du mal à faire. Nous nous arrangeons souvent avec la vie et la réalité pour la rendre plus confortable même si nous sommes loin du compte. Les adultes préfèrent la plupart du temps contourner un problème alors que les enfants mus un par un fort sentiment de curiosité réussissent à transcender leurs émotions, leurs craintes et à quitter leur cocon pour affronter leurs pires cauchemars (les monstres dans l’armoire, sous le lit, dans la cave…)
Deux jolies petites histoires qui nous replongent dans notre enfance et nous font revivre de sacrées frayeurs.

Au fil des récits plus adultes et plus musclés, tout y passe, référence à la quatrième dimension, au polar thriller, référence au thème de la malédiction, du hasard, des mythes qui finissent en désastre si nous tentons de nous les approprier, de les modifier.

Même si certaines aventures ont parfois un air de déjà vu, le lecteur accroche car la narration est agréable, le style de l'auteur fluide et l’impression de réalisme est crédible. Ainsi, le lecteur jongle d’une aventure à une autre avec aisance.
Le déplacement vaut le coup.

Après chaque récit le lecteur peut se poser la question suivante : et si c’était à moi que cela arrivait, que ferais-je ? Mais le plus important est que si l’on commence à se poser cette question, c’est que nous pensons que tout est possible, même le plus insensé, le fameux "Improbable". Dans ce cas, bonne nouvelle, votre imagination d’enfant est restée intacte. L’auteur a réussi son pari.

Bonne lecture et de temps en temps pensez à jeter un œil par-dessus votre épaule, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer dans votre dos, ou derrière une porte, dans la cave…

N’oubliez pas « la vérité est ailleurs »….

Site de l'éditeur

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